L’hyperside était au départ, il était fin prêt… dans sa livrée d’origine ! Mais il n’était pas à l’arrivée, la faute à qui ? à son pilote… 🙁
C’était le dernier Moto Tour (le format de ce type de course n’étant plus compatible avec le sacro-saint principe de précaution, principe vicieux très liberticide…) et c’était aussi ma dernière compétition… La fête a tourné court à 35 km de l’arrivée dans l’avant-dernière spéciale…
Mais commençons l’histoire par son début. Les Lonza Père (Casimir) et Fils (Eric) assuraient notre assistance et nous pouvons leur tirer un immense coup de chapeau pour tout le travail accompli. Venus avec leurs véhicules persos, ils ont été parfaits, toujours là aux rendez-vous fixés, lever avant nous, ils pliaient le camp, chargeaient, roulaient, ré-installaient le camp et se coucher après nous… Merci Casimir, merci Eric et désolé pour cette fin de course en queue de poisson. Zen de son côté avait minutieusement préparé son coup au niveau itinéraire. Le trajet routier en détail est encore visible par là… Merci Zen d’avoir abattu ce travail titanesque 🙂 Patrick, notre grand suisse était épaulé par Bernard (concessionnaire Ducati en Valais, pédaleur VTT invétéré et conducteur de camping-car) et par Jacques (Rallyman suisse sur GSXR et ex pilote GP 125) en assistance rapide. Tout ce petit monde se retrouvait le soir à l’étape et l’ambiance était très agréable même si elle restait laborieuse car l’entretien est conséquent sur 3500 km de course…
Côté hyperside, aucun souci mécanique mais deux crevaisons de la roue du panier, une totalement incompréhensible et une autre à cause d’une pierre pointue cachée dans l’herbe au point de corde d’un virage à droite…
On va vous raconter tout cela en images et ne râlez pas s’il y en a beaucoup mais comme c’était la dernière… rien voulu jeter.
Et c’est parfaitement installés sur le paddock de Savernes que nous attendons le départ… Bon OK, on n’a pas souhaité participer à la parade en ville. Nous avons eu peur d’y laisser une bonne partie de notre embrayage à sec…
Dimanche 28 septembre : 2 x Reinhardsmunster (67) – Voir la vidéo de cette spéciale Paddock à Saverne (67) Beau dimanche de liaison routière sur les petites routes d’Alsace et deux montes en spéciales au programme. Zen sort le grand jeu dans le panier (enfin plutôt à l’extérieur) et on scratche deux fois… cool ! Nous ne connaissions pas les résultats de la journée et c’est tout surpris qu’on se retrouve sur le podium du jour 🙂
Lundi 29 septembre : 2 x les grottes du Diable (74) – Voir la vidéo de cette spéciale Paddock à Doussard (74) Lever de bonne heure trente, on prend le départ de cette étape marathon de plus de 800 km à 3h30 et on s’enquille le routier la poignée dans le coin avec les concurrents qui partent à peu près à la même heure que nous. Aucun incident sur ce trajet pour nous par contre la moto de Patrick commence à prendre feu quand son régulateur de tension rend l’âme. Heureusement son ange gardien Jacques à la Seat surpuissante arrive sur place avec de quoi le dépanner. Il pointera dans les temps… chaude alerte… Côté Hyperside, nous retrouvons notre assistance 10 km avant la spéciale en Haute Savoie. Changement de roue AR (le pneu récupéré d’un rallye antérieur qui a fait la liaison est mort), petit ravitaillement peut-être pas assez rapide de ma faute mais la fatigue est là et le but si proche. On est juste un peu juste en temps pour pointer au CH de départ de la spéciale et comble de pas de chance, on arrive dans Cruseilles à la sortie des écoles avec les 4×4 des mamans qui attendent leurs bambins et qui démarrent toutes ensemble. Impossible de doubler où que ce soit… On pointera avec 4 mn de retard… Qu’à cela ne tienne, notre entrée en spéciale est spectaculaire avec la machine toute en dérive sur le sol mouillé. Gros plaisir dans cet instant fragile mais puissant en adrénaline. On scratch la première monte et on fait encore le podium du jour. La roue du panier crève en regagnant le paddock et la nuit tombe… On rentre au ralenti mais dans les temps. Le temps de changer de roue, de faire un minimum de révision, de casser une croûte et il est déjà l’heure d’aller se coucher dans une humidité digne de la Savoie… J’en tirerai une bonne crève et une cure de cachets toute la semaine de course.
Mardi 30 septembre : 1 x la Muraz (74) et 2 x Vialle d’Estours (43) – Voir la vidéo de cette spéciale Paddock à Langeac (43) Le beau temps revient, l’étape est belle. Dans la spéciale de la Muraz, on fait 2ème mais Christophe et son Voxan nous colle 3s. Puis L’étape se déroule, et s’enroule, sans point particulier, … sauf un bas-côté coupé un peu court dans un droite, une pierre dans l’herbe et ça tape un peu fort. Bilan : une autre crevaison coté panier. C’est Patrick, notre grand suisse qui nous dépannera avec un kit tubeless. Décidément, c’est un peu la schcoumoune. Non pas que ça nous ait pénalisé sur la liaison, mais pas top pour le moral. Ce qui ne nous empêche pas pour autant de scratcher les 2 montées de la Vialle d’Estours.
Mercredi 1er octobre : 1 x Villeneuve d’Allier (43) et 2 x St Hilaire (19) – Voir la vidéo de cette spéciale Paddock à Brive (19) On commence d’emblée avec la spéciale de Villeneuve le long de l’Allier. Grandes enfilades que l’on aborde sereinement, peut-être trop d’ailleurs puisqu’on fait le 3è temps (6/10è derrière le premier). Cette étape, outre les paysages assez fabuleux, sera aussi une étape de navigation puisque certaines parties du road-book empruntent des routes inconnues même sur une carte au 100 000 ème. Heureusement nous arrivons à bon port sans fausse route. La spéciale de St Hilaire proche de l’arrivée sera plus à couteau serré avec le Voxan puisqu’on fait respectivement 1 puis 2. On reprend tout de même la victoire d’étape en sides en réduisant (un petit peu) l’écart au général avec le premier side, le Voxan.
Jeudi 2 octobre : 1 x Gare d’Aubazines (19) et 2 x Marsal – Voir la vidéo de cette spéciale Paddock au circuit d’Albi (81) Journée un peu folle. Des routes à chèvres très bosselées, du retard dans les spéciales (donc des embouteillages aux contrôles horaires, très problématiques pour les sides), … Bref on prend une pénalité que l’on arrivera finalement à faire sauter sur réclamation auprès de la direction de course, mais seulement le lendemain… bad day et toujours le nez qui coule et la gorge qui pique 🙁
Vendredi 3 octobre : 2 x Circuit Rallye Alès (30) – Voir la vidéo de cette spéciale Paddock au circuit d’Alès (30) Oh putaing de journée, con ! D’abord cette spéciale en base chrono (vitesse impartie sur un kilométrage indéfini) avec un gros malentendu au déclenchement du chrono. Puis les yeux rivés sur le tripmaster et sur le compteur moto, on loupe l’indication d’un changement de direction. ½ tour au moins deux km plus loin, gaz à fond, on reprend le parcours sans plus savoir caler notre allure. Bilan franchement catastrophique, on lâche encore quelques secondes au général. Le routier est vraiment très chouette. Puis arrive le circuit d’Alès, qu’on enquille direct sur le circuit de rallyes (!) sans reconnaissances préalables et avec la fatigue de l’étape. Ca monte, ça descend, c’est étroit, les virages en aveugle dans le maquis, le revêtement carrément défoncé, c’est carrément pas top question sécurité. On le fait 2 fois, on fait chaque fois 2ème side en perdant encore des secondes sur le Voxan qui s’éloigne petit à petit au général.
Samedi 4 octobre : 1 x Circuit Vitesse Alès (30) – Voir la vidéo de cette spéciale et 1 x Pas de la Couelle (83) Paddock à Toulon (83) La journée commence sous un beau soleil et un sacré retard dans l’enchainement des séries sur le circuit de vitesse d’Alès. Sur le pont dès 9h00, on ne passera finalement en piste que vers 11h30. Tour de reconnaissance, tour de chauffe, feu vert, on part fort, 2ème virage au sommet d’une bosse Zen pensait que ça partait à droite sauf que ça redescend à gauche. Singe à la ramasse, machine déstabilisée mais on s’en sort. La poignée vissée, on est en tête jusqu’au dernier tour avec une erreur d’inattention sur le GSXR de Bruno MAGAIN embusqué juste derrière nous, le temps de l’apercevoir et ouf, on gagne la spéciale avec 3/100ème d’avance ! On reprend 5s au Voxan, mais ce ne sera jamais suffisant pour l’inquiéter, il ne reste plus que 2 spéciales avant l’arrivée finale à Toulon.
Le routier qui nous emmenait au pas de la Couelle est grandiose. A un moment Patrick nous rejoint, Zen fait des photos en roulant depuis le panier. Tout allait bien jusqu’à la spéciale du Pas de la Couelle, une heure avant d’arriver à Toulon. Là gros embouteillage dû à des chutes en moto. Puis prolongation de l’attente, on voit la Police Criminelle se frayer un chemin pour monter au col où l’on vient de découvrir un cadavre dans une voiture brûlée (véridique, classique règlement de compte local !). Réouverture de la spéciale, on se pointe après presque 2 heures d’attente devant le chrono à 19h30. Or en sous-bois début octobre à 19h30, il ne fait ni jour, ni nuit, il fait juit ou nour, c’est comme vous voulez. Sauf qu’on n’a pas la rampe de phares additionnels. Donc on part bon train, les virages se voient assez bien à cause des glissières et murs de soutènement. Sauf un à mi-parcours, un gauche en sommet de bosse, pas de glissière ni rubalise, le ciel qui t’aveugle entre les arbres, on arrive assez vite et on réalise que ça ne le fera pas. En ¼ de seconde, on voit la cime des arbres en contre-bas et plonge dans le ravin. Après, plus d’image, le bruit des broussailles et quand les yeux se ré-ouvre, Zen est debout, une paume de main ensanglantée, un genou douloureux mais tout bouge. Il voit l’Hyperside faire son dernier tonneau, s’immobiliser en haut du mur de soutènement avec le virage inférieur au moment où passe le CBR/DJ d’Olivier et Euridyce. Heureusement qu’ils ne l’ont pas pris sur la figure. Puis quart de tour de la tête, Michel est allongé sur une dalle de pierre, immobile. Les 10m nous séparant paraissent long. Michel peine à respirer, il finit par ouvrir les yeux (ouf, quel flip) et reprendre conscience, terrassé par des douleurs au dos. Les secours arrivent vite et nous prennent en charge. Plutôt pénible la redescente à pied vers la route en passant devant le side complètement chiffonnée (mais en regardant rapidement, Zen ne voit aucun tube plié ou soudure cassée. Là l’ambulance nous évacue de la spéciale. Michel sera envoyé à la Timone à Marseille et Zen sera recousu à l’infirmerie du camp de base à Toulon. Bref le rallye est fini pour nous. Eric, Philippe et Kevin partent avec le Scudo et le plateau afin de récupérer « l’épave ». Ils rentreront plusieurs heures plus tard, après des efforts titanesques pour la treuiller sur la route, sans grue ni aide de l’organisation. De retour au paddock, ils restent ahuris de notre vol plané, retrouvant la machine à une quarantaine de mètres du virage loupé et un bon 15m en contrebas, avec au moins un arbre à l’écorce bien râpée. La nouvelle se répand comme un pet sur une toile cirée. Christophe & Marty (Voxan) passent voir notre petite équipe. Zen remet à Olivier et Euridyce (CBR) la jupe rouge fétiche, celle mise dans les dernières spéciales des rallyes cette année, afin qu’Euridyce la hisse au sommet du Faron avec la 2ème place sides au Moto Tour qui leur revient dorénavant.
Dimanche 5 octobre : 1 x Mont Faron (83 – Toulon) J’y étais pas mais Patrick oui, Bravo mon suisse 🙂 Michel shooté à la morphine en péridurale est toujours alité à l’hosto avec 7 côtes gauches cassées le long de la colonne et les 6 apophyses transverses des 3 vertèbres lombaires cassées elles-aussi. Mais rien d’irrémédiable heureusement. Zen, Caz et Eric replient le matériel et rentrent à la maison pendant que les concurrents font la dernière spéciale du Faron… Alors voilà une bien triste fin mais tous se disent heureux d’avoir fait un tel rallye. La malchance et la chance ont été de notre côté mais dans tous les cas, ce fut une très belle aventure humaine avec une belle équipe.